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OEUVRES

DE

Alphonse Daudet

Le Nabab

Tome I

M DCCC LXXXVII

Il y a cent ans, Le Sage écrivait ceci en tête de Gil Blas:

_«Comme il y a des personnes qui ne sauraient lire sans faire desapplications des caractères vicieux ou ridicules qu'elles trouvent dansles ouvrages, je déclare à ces lecteurs malins qu'ils auraient tortd'appliquer les portraits qui sont dans le présent livre. J'en faisun aveu publique: je ne me suis proposé que de représenter la vie deshommes telle qu'elle est…»

Toute distance gardée entre le roman de Le Sage et le mien, c'est unedéclaration du même genre que j'aurais désiré mettre à la premièrepage du Nabab, dès sa publication. Plusieurs raisons m'en ont empêché.D'abord, la peur qu'un pareil avertissement n'eût trop l'air d'être jetéen appât au public et de vouloir forcer son attention. Puis, j'étaisloin de me douter qu'un livre écrit avec des préoccupations purementlittéraires pût acquérir ainsi tout d'un coup cette importanceanecdotique et me valoir une telle nuée bourdonnante de réclamations.Jamais, en effet, rien de semblable ne s'est vu. Pas une ligne de monoeuvre, pas un de ses héros, pas même un personnage en silhouette quine soit devenu motif à allusions, à protestations. L'auteur a beau sedéfendre, jurer ses grands dieux que son roman n'a pas de clef, chacunlui en forge au moins une, à l'aide de laquelle il prétend ouvrir cetteserrure à combinaison. Il faut que tout ces types aient vécu, commentdonc! qu'ils vivent encore, identiques de la tête aux pieds… Monpavonest un tel, n'est-ce pas?… La ressemblance de Jenkins est frappante…Celui-ci se fâche d'en être, tel autre de n'en être pas; et cetterecherche du scandale aidant, il n'est pas jusqu'à des rencontres denoms, fatales dans le roman moderne, des indications de rues, desnuméros de maisons, choisit au hasard, qui n'aient servi à donner unesorte d'identité à des êtres bâtis de mille pièces et en définitiveabsolument imaginaires.

L'auteur a trop de modestie pour prendre tout ce bruit à son compte. Ilsait la part qu'ont eue dans cela les indiscrétions amicales ou perfidesdes journaux; et, sans remercier les uns plus qu'il ne convient, sans envouloir aux autres outre mesure, il se résigne à sa tapageuse aventurecomme à une chose inévitable et tient seulement à honneur d'affirmer,sur vingt ans de travail et de probité littéraires, que cette fois,pas plus que les autres, il n'avait cherché cet élément de succès. Enfeuilletant ses souvenirs, ce qui est le droit et le devoir de toutromancier, il s'est rappelé un singulier épisode du Paris cosmopolited'il y a quinze ans. Le romanesque d'une existence éblouissante etrapide, traversant en météore le ciel parisien, a évidemment servide cadre au_ Nabab, à cette peinture des moeurs de la fin du secondempire. Mais autour d'une situation, d'aventures connues, que chacunétait en droit d'étudier et de rappeler, quelle fantaisie répandue,que d'inventions, que de broderies, surtout quelle dépense de cetteobservation continuelle, éparse, presque inconsciente, sans laquelle ilne saurait y avoir d'écrivains d'imagination. D'ailleurs, pour se rendrecompte du travail «cristallisant» qui transporte du réel à la fiction,de la vie au roman, les circonstances les plus simples, il suffiraitd'ouvrir le Moniteur Officiel _de février 1864 et de c

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