IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE:
500 exemplaires in-8o, imposition spéciale, sur vélin.
Et 50 exemplaires in-8o, imposition spéciale
sur papier du Japon,numérotés à la presse.
Cet ouvrage a été composé et imprimé en français et en anglais dans les Etats-Unis d'Amérique, où le texte français et la composition anglaise sont protégés par le "Copyright".
Copyright 1901 par A. F. Jaccaci.
PARIS
BIBLIOTHÈQUE-CHARPENTIER
FASQUELLE ÉDITEURS
11, RUE DE GRENELLE, 11
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Je raconte uniquement dans ces pages ma vie pendant les cinq années où j'ai été retranché du monde des vivants.
Les événements qui se sont déroulés autour du procès de 1894 et dans les années suivantes, en France, me sont restés inconnus jusqu'au procès de Rennes.
A. D.
A MES ENFANTS
Je suis né à Mulhouse, en Alsace, le 9 octobre 1859. Mon enfances'écoula doucement sous l'influence bienfaisante de ma mère et de messœurs, d'un père profondément dévoué à ses enfants, sous la touchanteprotection de frères plus âgés.
Ma première impression triste, dont le souvenir douloureux ne s'estjamais effacé de ma mémoire, a été la guerre de 1870. La paix conclue,mon père opta pour la nationalité française; nous dûmes quitterl'Alsace. Je me rendis à Paris pour poursuivre mes études.
Je fus reçu en 1878 à l'École Polytechnique, d'où je sortis en 1880 pourentrer comme sous-lieutenant élève d'artillerie à l'École d'applicationde Fontainebleau. Le 1er octobre 1882 j'étais nommé lieutenant au31e régiment d'artillerie en garnison au Mans. A la fin de l'année1883, j'étais classé aux batteries à cheval de la 1re division decavalerie indépendante à Paris.
Le 12 septembre 1889, je fus nommé capitaine au 21e régimentd'artillerie, détaché comme adjoint à l'École centrale de pyrotechniemilitaire à Bourges. Dans le courant de l'hiver, je me fiançai à MlleLucie Hadamard, qui est devenue ma compagne dévouée et héroïque.
Durant mes fiançailles, je préparai mes examens à l'École supérieure deguerre où je fus reçu le 20 avril 1890; le lendemain 21 avril, je memariai. Je sortis de l'École supérieure de guerre en 1892 avec lamention très bien et le brevet d'état-major. Mon numéro de classement àla sortie de l'École de guerre me valut d'être appelé comme stagiaire àl'état-major de l'armée. J'y entrai le 1er janvier 1893.
La carrière m'était ouverte brillante et facile; l'avenir se montraitsous de beaux auspices. Après les journées de travail, je trouvais lerepos 11 et le charme de la vie familiale. Curieux de toutes lesmanifestations de l'esprit humain, je me complaisais aux longueslectures durant les chères soirées passées auprès de ma femme. Nousétions parfaitement heureux, un premier enfant égayait notre intérieur;je n'avais pas de soucis matériels, la même affection profondem'un